Tricoter plus éthique.

Lorsque j’ai décidé d’apprendre à tricoter, il y a de cela environ cinq ans, je ne me posais pas du tout la question de la provenance des matières premières que j’utilisais. Comme en plus je ne tricotais que de manière très épisodique et assez anecdotique, j’avoue que je n’avais pas vraiment envie de chercher plus loin que ça pour 4 pelotes de laines par an.

La situation est bien différente aujourd’hui. Je ne conçois en effet plus vraiment de consommer quoi que ce soit sans me poser un minimum de questions. J’avais déjà effectué pas mal de recherches sur la laine utilisée pour fabriquer nos vêtements, du coup il était très illogique de ne pas élargir la réflexion à celle que l’on nous vend en pelotes. Même si tout ce que je fais est loin d’être parfait, ma réflexion est maintenant bien plus globale.

En parallèle, je me suis mise à tricoter beaucoup plus ces derniers mois, je viens également de commencer le crochet, et vais me mettre au tissage dans les semaines à venir maintenant que je suis équipée d’un magnifique métier offert par Monsieur Bio pour Noël !  Il était donc temps d’aller un peu plus loin sur le sujet.

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Même si je reste persuadée que le véganisme est le but vers lequel nous devrions tendre, à la fois d’un point de vue éthique et moral, mais également environnemental, j’en suis à titre personnel encore très loin (pour le moment ?). En effet, plutôt que d’abandonner tout produit d’origine animale, j’ai pour l’instant simplement fait le choix de raisonner et diminuer drastiquement ma consommation de ces matières.
Je suis contre la fourrure et j’ai déjà évoqué ici le cas du cuir il y a quelque temps, mais je n’avais jusqu’à aujourd’hui jamais parlé de la laine.

De prime abord, la laine ne semble pas vraiment être un produit cruel. On imagine que les animaux sont simplement tondus pour la récupérer et que cela ne va pas plus loin. Or, tout n’est malheureusement pas si simple…

Une très grande partie de la laine que l’on retrouve dans les vêtements aujourd’hui provient des moutons mérinos. S’il existe bien des producteurs en France (élevant le fameux mérinos d’Arles), tous ne sont pas irréprochables au niveau du bien-être animal. Mais surtout, l’écrasante majorité de la laine mérinos vient de beaucoup plus loin : d’Australie et de Nouvelle-Zélande en particulier. Deux pays champions en matière d’exploitations surdimensionnées, pas forcément très humaines. Mais l’Australie est en outre championne d’une pratique cruelle datant de près d’un siècle : le mulesing.
Si vous n’en avez jamais entendu parler, il s’agit de découper à vif une partie de la peau de l’arrière-train des moutons afin d’éviter l’apparition de myiases sous-cutanées (en gros que des mouches viennent pondre leur œufs sous la peau des moutons). Voilà, voilà…  je vous épargne les photos du résultat de cette pratique d’un autre âge et vous laisse imaginer combien cette opération doit être agréable pour les moutons.

Bien-entendu, il existe d’autres types de laine. Cachemire, mohair, angora, alpaga etc… Là encore, tout n’est pas rose. Prenons rapidement l’exemple du cachemire. Une fois de plus, la question du bien-être des animaux semble secondaire (ils sont souvent castrés à vif), et à cela s’ajoute en plus un autre problème, environnemental cette fois. En effet, pour faire face à la demande croissante de laine cachemire, les éleveurs de Mongolie ont multiplié par quatre le nombre de leurs animaux au cours des dernières années, le nombre de chèvres élevées passant ainsi de 5 à 20 millions depuis le début des années 2000. Conséquence de cette situation : on assiste a un surpâturage entraînant une désertification des steppes avec des conséquences désastreuses tant pour les écosystèmes que pour les hommes.

Je ne vais pas rentrer plus avant dans le détail de la production de laine car ce serait trop long et que je ne suis pas une spécialiste de la question mais vous avez déjà un petit aperçu (et vous trouverez en bas de cet article différents liens pour aller un peu plus loin).

Mais du coup, vous imaginez bien qu’après toutes ces découvertes, il est devenu plus compliqué pour moi de tricoter ma laine sans réfléchir !
Si j’avais commencé le tricot avec des kits tout prêts des géants du secteur (Wool and the Gang et We Are Knitters pour ne pas les nommer), je m’en détourne maintenant sérieusement. Je profite encore de promotions de temps à autre (car je trouve les prix totalement prohibitifs, la rançon de la hype sans doute…) pour me faire plaisir avec un projet en jersey recyclé ou en coton pima, mais j’évite désormais la laine même s’ils semblent s’attacher à ne rien proposer de douteux.

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Aujourd’hui, pour tricoter plus éthique, si je n’ai pas totalement éliminé la laine, je boycotte néanmoins totalement celle venant d’Australie et j’ai restreint mon choix à certains pays. En gros, je m’autorise de la laine islandaise, britannique, française et norvégienne, en choisissant de petits producteurs soucieux du bien-être animal, et je n’hésite pas à poser 1000 questions avant d’acheter. J’applique également ces règles à mes autres achats, peu nombreux, contenant de la laine (mon sac en Tweed de Harris par exemple, ou encore mon plaid norvégien Røros Tweed).

Je me tourne également de plus en plus vers les fibres végétales. Il en existe finalement beaucoup. Le coton bio est un premier pas, mais il reste gourmand en eau. Du coup, je me penche actuellement sur le lin et le chanvre. Et même si personnellement je n’aime pas tellement leur aspect en général, on peut citer également l’ortie et l’abaca (bananier).

A coté de cela, j’ai récemment tricoté une élégante pochette qui m’a permis de découvrir le jersey recyclé, fait à partir d’anciens vêtements.
Et je regarde de plus en plus les grosses pelotes et bobines anciennes, de fils de lin notamment, dans les brocantes !

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Les solutions sont finalement multiples et voici les pistes que j’ai commencé à explorer pour me fournir :

Laine

  • La Ferme de la Montagne : laine mohair et cachemire. J’ai rencontré personnellement Catherine, éleveuse et productrice de laine, lors de mon stage d’aromathérapie dans la Drôme il y a trois ans.
  • Coopérative Ardelaine : laine française d’Ardèche et de Haute Loire.
  • Les Toisons Bretonnes : toute la production est réalisée en France et la majorité des élevages est certifiée AB. L’une des gammes est teintée végétalement.
  • A Yarn from North Ronaldsay : laine écossaise vendue directement par ses producteurs depuis leur petite île de l’archipel magique des Orcades où j’ai très envie de retourner ! Les moutons de North Ronaldsay n’ont jamais été sélectionnés pour produire plus de laine, du coup leur toison est plutôt rustique.
  • Iona wool : laine écossaise produite sur la minuscule et sublime île d’Iona dans les Hébrides.
  • Istex Lopi : laine rustique islandaise distribuée en France par Laine et Tricot (service au top et livraison rapide !) ou Triscote (que je n’ai pas testé).

Fibres végétales et fibres recyclées

  • Kaneh-Bosem : le chanvre à tricoter de cette boutique éthique française a l’air magnifique. Le Merlin, mélange de chanvre et de coton bio me fait sérieusement de l’œil, et j’ai également très envie de tester leur fil recyclé Ostane fait à partir de chutes.
  • Bellelaine : boutique en ligne proposant différentes fibres végétales (ortie, chanvre, abaca, lin) en plus de laine françaises et biologiques. Je n’ai jamais commandé chez eux mais j’ai eu l’occasion de rencontrer des tricoteuses se fournissant là-bas !
  • Le Comptoir du fil : large choix de trapilho (jersey recyclé), mais également chanvre, ortie, banane…
  • Création Mohair : coton bio (et autres fibres végétales, mais également laine bio et laine française)
  • Fil Terra, de Cheval Blanc : coton bio
  • Coton bio Hema, trouvée par exemple en France dans cette boutique.

Le choix semble assez vaste pour pouvoir éviter facilement les matières synthétiques, le coton plein de pesticides et la laine à la provenance douteuse !
Je vous avoue que ça ne m’empêche pas encore de craquer une fois par an pour un Chouette Kit qui ne respecte pas mes critères, mais que voulez-vous, je suis faible face à de la laine orange vif ou un beau tissu Liberty ! 😉

Comme d’habitude, n’hésitez pas à partager votre opinion ou vos bons plans en commentaires !


Pour approfondir :


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7 Commentaires sur "Tricoter plus éthique."

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Véro
Invité
Véro
6 années 10 mois plus tôt

Bonjour,
Merci pour ton article. C’est vraiment utile d’avoir un récapitulatif des producteurs ou vendeurs de laine bio et éthique.
Je cherche une laine de coloris précis que j’ai trouvée chez Ardelaine et aux Toisons Bretonnes, mais nulle part (et sur aucun des sites français repris ci-dessus), il n’est précisé si la laine « pique / gratte » au contact de la peau. J’hésite donc à me lancer. J’ai envoyé un mail aux Toisons Bretonnes mais pas encore de réponse.
As-tu déjà commandé sur ces sites et peux-tu répondre à ma question ?
Merci d’avance.

mayapi
Invité
mayapi
3 années 10 mois plus tôt
Bonjour, heureux de voir que je ne suis pas tout seul a me questionner sur l’intérêt d’acheter des pelotes ou plaid au 4 coins du monde … Je suis tricoteur de laine islandaise, la dessus on est clair, les islandais aiment beaucoup leurs animaux , il n’y a donc pas de cruauté comme dans certains pays équatoriaux ou australien pour ne citer que ceux la… Par contre je me pose une grande question: -Ou acheter de la laine ou des plaids en alpaga ? ou les animaux sont bien évidement traiter avec le plus grand respect ? On notera un… Read more »
Lise
Invité
Lise
3 années 8 mois plus tôt

Bonjour, un grand merci pour cet article. J’ai lu dans les commentaires que vous songiez mettre à jour cet article car vous aviez beaucoup de nouvelles choses à dire… un petit commentaire juste pour vous encourager à le faire ☺ j’adorerais en savoir plus. Merci encore

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[…] aux matières que j’utilise, aux créateurs/trices et entreprises que je soutiens, etc. Mon premier article à ce sujet sur le blog date déjà de 2017 et je trouve que les choses ont beaucoup évolué dans le monde du tricot […]

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